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Nourrir son sol, engrais ou amendement?

Pour conserver un sol fertile, il faut que celui-ci comporte un minimum de matières organiques (5 %), car c’est cette matière qui aggradera le sol en se transformant en humus, principale couche nutritive du sol qui permet aux végétaux de se nourrir. Tandis qu’un sol n’ayant jamais d’apport de matière organique finira par s’épuiser en nutriments et deviendra stérile (forêt vs désert). Voyez le sol comme le garde-manger des végétaux et des micro-organismes vivant sous terre. Il faut évidemment remettre régulièrement des victuailles dans la réserve, si l’on ne veut pas manquer de nourriture, non? Donc, quand vient le temps de redonner des nutriments au sol de notre jardin, que serait-il préférable de choisir entre un engrais et un amendement?

Engrais de synthèse

Les engrais de synthèse sont à oublier en permaculture. Ils sont nocifs pour vous et la nature, puisqu’ils ne proviennent d’aucune source naturelle et contiennent souvent des substances à base de pétrole. Ce sont des éléments chimiques transformés et leur utilisation ne présente quasiment que des désavantages :

  • Puisque ces engrais solubles ne passent pas par le processus de décomposition, les plantes absorbent directement une grande quantité de nutriments, ce qui perturbe leur structure chimique et les rendent moins résistantes aux insectes et maladies. Les cultures deviennent alors dépendantes des pesticides.
  • Les plantes sont plus sujettes à des carences, car leur cycle d’absorption des nutriments est déséquilibré.
  • L’azote, qui est un élément primaire se retrouvant dans tous les cycles naturels, est présent dans l’air, mais ne se retrouve pas naturellement sous forme minérale dans le sol. L’azote synthétique vient donc bouleverser les micro-organismes et les plantes qui l’absorbent.
  • Les racines peuvent être brûlées par les engrais chimiques, si ceux-ci sont appliqués en trop grande quantité.
  • Ils peuvent tuer les micro-organismes bénéfiques au sol, tel que les mycorhizes, bactéries et autres champignons qui ont comme rôle d’apporter les nutriments naturels aux végétaux.
  • Les surplus d’engrais lessivent le sol, qui perd sa capacité d’absorption et de rétention. Ces surplus s’écoulent dans l’environnement et polluent les cours d’eau et la nappe phréatique.
  • La texture et la richesse du sol diminuent énormément et il devient sec, compact et pauvre.
  • Ces engrais apportent des nutriments aux plantes pour une courte durée, mais ne contribuent pas à enrichir le sol.

Engrais organiques (ou naturels)

Les feuilles d’ortie qui poussent près de chez vous sont une bonne ressource pour préparer votre propre purin qui pourra ensuite enrichir vos cultures!

Les engrais organiques proviennent de sources naturelles (végétale, animale ou minérale) et ne sont donc pas nocifs pour l’environnement. Parmi les plus populaires, on retrouve les émulsions d’algues ou de poissons, la poudre d’os, la farine de crevettes, le thé de compost et les purins d’ortie ou de consoude. Contrairement aux engrais de synthèse, puisqu’ils sont d’origine naturelle, ils doivent d’abord être digérés par les organismes du sol. Leur durée de fertilisation est plus longue et les nutriments sont assimilés plus lentement par les plantes, qui conservent donc un équilibre nutritionnel adéquat.

Engrais verts

Il s’agit en fait de plantes cultivées pour améliorer la fertilité d’un sol. En effet, certaines plantes ont la capacité d’aller chercher des nutriments profondément dans le sol et/ou dans l’air, pour les rendre ensuite disponibles aux cultures suivantes. Il existe trois familles principales qui constituent de bons engrais verts: les légumineuses (fabacées)(pois, luzerne, trèfle, lupin, etc.), les brassicacées (moutarde, colza, navette) et les graminées (seigle, avoine, etc.).

Le trèfle blanc constitue un excellent engrais vert (vivace) et peut également servir de couvre-sol.

Les engrais verts sont, en quelque sorte, utilisés comme des amendements, c’est-à-dire de la matière organique qui retourne enrichir le sol. Par exemple, on peut faire pousser une parcelle d’engrais vert, en vue de cultiver un légume demandant un sol riche au même endroit l’année d’après. Il suffit de laisser les plantes se décomposer sur place à la fin de la saison, les laissant ainsi se transformer en humus, ou de les faucher et les mettre au compost. Il est aussi possible d’associer certaines espèces avec des engrais verts au jardin pour que ces derniers en fassent profiter leurs voisins (ex : haricot – maïs).

Amendement

Un amendement est une matière qui provient de substances 100 % naturelles et n’ayant subi aucune transformation chimique. Parmi les amendements les plus souvent utilisés, il y a le compost, le vermicompost, le fumier et le paillis. On les applique habituellement à la surface du sol, ce qui constitue un excellent apport de matières organiques. C’est également un fertilisant à dégagement lent. C’est-à-dire que lorsqu’on en applique sur le sol, la matière doit d’abord se faire décomposer pour que les nutriments qu’elle contient soient libérés et puissent être assimilables par les végétaux. Le fait que les nutriments soient incorporés dans le sol de façon lente et constante permet aux plantes de les assimiler à leur rythme et évite les surdoses qui pourraient stresser certains végétaux. Un traitement avec un amendement peut donc fertiliser un sol pendant toute une saison.

Un apport régulier de matière organique contribuera à nourrir les micro-organismes essentiels à la bonne santé d’un sol.

Contrairement aux engrais, un amendement contient plus de matières organiques que d’éléments nutritifs. Cette matière stimulera les micro-organismes du sol et enrichira tout de même la terre en se décomposant, mais créera aussi une structure spongieuse qui empêchera le lessivage des nutriments et favorisera une meilleure circulation de l’eau, de l’oxygène et des racines dans le sol. Un amendement contribue donc à maintenir un sol en santé de façon durable, plutôt que de régler une carence quelconque sur une courte période.

Au final, engrais ou amendement?

En permaculture, il faut garder en tête l’optique de fournir à la terre toujours plus de matières organiques, pour que le sol puisse se construire, se développer et s’enrichir constamment. C’est ce qu’on appelle le principe d’aggradation du sol. Pour conserver un sol de qualité, il ne suffit pas simplement de lui fournir des nutriments, il doit également avoir une structure adéquate. C’est pourquoi il est conseillé d’enrichir votre jardin avec un amendement au moins une fois à chaque saison, soit au début du printemps et/ou à l’automne.

Un sol enrichi régulièrement avec des amendements comporte généralement tous les éléments dont les plantes ont besoin. Il peut toutefois être nécessaire de combler certaines carences à l’aide d’engrais organiques, mais jamais synthétiques! Finalement, un amendement devrait être une ressource utilisée religieusement pour alimenter votre sol, tandis qu’un engrais ne devrait être utilisé que lorsqu’il y a un manque d’un certain nutriment.

Références :

  • Les idées du jardinier paresseux – Potager, Larry Hodgson, 2007, pages 44 à 51.
  • Le Grand Livre du Jardinage: Pour le Québec, Miranda Smith, adaptation Larry Hodgson, 2010.
  • Le jardin écologique, Yves Gagnon, 2008, pages 75 à 89.
  • Agroécologie – Le guide pour bien débuter au jardin, Robert Elger, 2018, pages 46 à 55.

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