Le temps des récoltes est terminé et nous…

Polyculture et compagnonnage des plantes
Contrairement aux gigantesques monocultures omniprésentes dans l’agriculture industrielle, la nature a toujours fait en sorte que chaque écosystème soit composé d’un maximum de biodiversité. Cette biodiversité est essentielle à la vie elle-même, puisqu’elle crée un équilibre permettant aux écosystèmes d’être résilients face aux perturbations et aux changements importants. C’est pourquoi, afin d’obtenir un jardin en santé, il faut imiter ce principe en pratiquant ce qu’on appel la polyculture.
La polyculture consiste simplement à cultiver plusieurs espèces végétales ou animales dans un même milieu et en même temps. La forêt-nourricière en est un très bel exemple. Un des principes de base en permaculture est de « valoriser la biodiversité ». Peu importe votre contexte, si vous êtes un agriculteur, un maraîcher bio ou un jardinier amateur avec un grand terrain de plusieurs hectares ou seulement un petit potager. La polyculture est une technique universelle qui s’applique à tous les milieux. Un permaculteur averti a tout intérêt à inclure une bonne variété d’espèces dans ses cultures, et ce, pour plusieurs raisons!
Tout d’abord, c’est une question de sécurité par rapport aux récoltes. Si, par exemple, vous cultivez des tomates, des concombres et des haricots et que pour une raison quelconque (ravageur, maladie, température, etc.) une de ces espèces ne produit quasiment pas, et bien il vous reste quand même d’autres bons légumes à récolter!
Cultiver une grande biodiversité diminue aussi énormément les risques de présence d’insectes ravageurs ou de maladies. En effet, un indésirable trouvera beaucoup plus facilement une grande monoculture qu’il pourra sentir de loin et s’y répandra très rapidement. Même principe, une maladie infectera aisément une monoculture où elle pourra passer de plant en plant. Alors, pas étonnant qu’avec de telles pratiques, l’agriculture industrielle soit dépendante des pesticides, insecticides et autres produits chimiques…
Le compagnonnage
Faire pousser plusieurs plantes différentes est essentiel pour un jardin productif, et c’est encore mieux si vous pratiquez le compagnonnage, qui est une technique très populaire complémentaire à la polyculture. Placer plusieurs spécimens de chaque espèce à des lieux différents, et associer les familles et variétés de légumes qui vont bien ensemble permet de créer une synergie entre eux. C’est le principe de base en permaculture, « intégrer plutôt que séparer ».

Certaines
plantes, comme les fines herbes, repoussent les ravageurs grâce aux
odeurs qu’elles dégagent. D’autres, comme les légumineuses, peuvent
fournir de l’azote à leurs voisins, un nutriment plus difficile
d’accès. Ou tout simplement, la tomate peut faire de l’ombre à la
salade, qui préfère la fraîcheur lors de grandes chaleurs. Toutes
les plantes ont des propriétés et des caractéristiques qui peuvent
profiter à d’autres!
Autre exemple, plutôt que de mettre
douze plants de tomates tous dans le même espace et séparés du
reste du jardin, il est avantageux de les diviser, disons en trois
groupes de quatre, pour les associer avec des plantes compagnes
(salade, basilic, poivron, ail, …). Cette technique est un bon
moyen pour éviter qu’un ravageur s’attaque à toute une culture.
Parce que les plants sont éloignés les uns des autres et mélangés
avec d’autres espèces, les indésirables seront désorientés par
l’odeur de tous ces végétaux et auront plus de difficulté à
repérer les plants de tomates.
Voici quelques associations populaires :
- Tomate – basilic – carotte
- Tomate – laitue – carotte
- Tomate – asperge – persil
- Poivron – basilic – persil
- Pois – maïs – laitue
- Haricot – maïs – courge
- Carotte – laitue – ail
- Radis – laitue – haricot
- Oignon – carotte – poivron
- Épinard – carotte – pois
- Épinard – laitue – concombre
- Chou – céleri – haricot
- Poireau – carotte – salade
- Concombre – laitue – oignon
- Chou – capucine – laitue
- Oignon – ail – laitue
Cultiver en compagnonnage permet également de gagner beaucoup de place. En associant en trios les plantes ayant des formes végétatives différentes comme un légume racine, un légume feuille et un légume grimpant, on peut rapprocher les rangs ou les individus sans nuire aux végétaux. On peut aussi économiser de l’espace en cultivant dans le même rang des espèces qui ont des cycles de croissance successifs, comme la salade et le radis. On peut alors cultiver de façon intensive dans un minimum d’espace.
* Notez qu’il est parfaitement possible d’associer une plante vivace à une plante annuelle.

Il existe un grand nombre de références sur le compagnonnage des plantes au jardin. Par contre, aucune ne peut vous donner 100 % de certitude par rapport à votre taux de réussite. La meilleure façon de savoir quelles sont les associations qui sont favorables dans votre jardin est par votre propre expérience. Certes, les ouvrages sur le compagnonnage sont de bons outils qui peuvent aider à connaître les plantes qui s’entendent mieux ensemble, mais souvenez-vous que chaque contexte est différent!
Plusieurs facteurs entrent en jeu. Les caractéristiques uniques de votre terrain (microclimats, sol, ensoleillement, etc.), votre support de culture, mais également les besoins et caractéristiques (eau, nutriments, sol, etc.) des espèces que vous choisissez peuvent avoir une influence sur vos associations. Il se peut que vous et votre voisin ayez fait la même expérience et obtenu des résultats très différents. C’est pourquoi, il est primordial de bien connaître votre contexte avant de vous lancer!
En résumé, lutte naturelle contre les ravageurs et maladies, optimisation de l’espace, valorisation de la biodiversité et interactions bénéfiques entre les plantes de votre potager, ce sont là tous des avantages importants que vous pouvez obtenir en pratiquant la polyculture et le compagnonnage dans votre jardin. Il faut toujours favoriser un milieu qui déborde de vie!
N’hésitez pas à nous partager en commentaires les associations qui fonctionnent bien dans votre jardin! :)
Références :
- Le jardin écologique, Yves Gagnon, 2008, pages 123 à 131.
- Agroécologie: Le guide pour bien débuter au jardin, Robert Elger, 2018.
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