Le temps des récoltes est terminé et nous…

7 plantes pour remplacer les produits chimiques au jardin
Les engrais synthétiques, pesticides, herbicides et autres produits toxiques vendus dans le commerce présentent de nombreux dangers pour vous et votre jardin. Nous reparlerons dans un autre article ou vidéo des conséquences néfastes d’appliquer ces substances chimiques, mais en résumé, ce type de produit perturbe les cycles naturels de votre environnement et crée un déséquilibre dans votre écosystème cultivé. Ce qui peut amener d’autres problèmes par la suite (perte de qualité du sol, perte de biodiversité, dépendance des végétaux, etc.).
Donc, évidemment, dans un jardin agroécologique, l’utilisation de ressources et services renouvelables (principe 5 de la permaculture) doit être prioritaire. Déjà, le fait d’aménager un jardin qui pourra accueillir un maximum de biodiversité et où vous cultiverez un maximum d’espèces différentes, en créant des associations bénéfiques entre elles (voir notre article : Polyculture et compagnonnage des plantes) vous aidera grandement à réguler naturellement les ravageurs. Sans oublier la rotation des cultures, le paillage et les nombreuses autres techniques possibles pour conserver et augmenter la fertilité du sol de façon écologique.
Bien sûr, même lorsqu’on prend un maximum de précautions pour exploiter son jardin naturellement, il peut parfois s’avérer nécessaire d’utiliser des préparations particulières pour aider vos plantes. Il existe toutefois des alternatives très simples aux produits synthétiques nocifs pour l’environnement! Outre les fertilisants et pesticides biologiques commerciaux, il est tout à fait possible de préparer des mélanges faits maison à partir de végétaux qui poussent facilement chez vous ou à proximité. Dans cet article, je vous présenterai donc sept plantes qui peuvent remplacer les produits conventionnels chimiques, en jouant le rôle d’engrais, insecticides et fongicides, tout en préservant l’écosystème de votre jardin.
Quoi de plus logique que d’utiliser des plantes pour prendre soin de vos plantes!
Les plantes fertilisantes
La Consoude

La consoude est une plante indigène très répandue qui se trouve généralement dans des milieux humides. On peut aussi facilement l’implanter dans le jardin. À l’écart du potager toutefois, car elle a tendance à être envahissante par ses rhizomes. C’est une espèce très populaire, utilisée comme engrais en jardinage écologique, puisqu’elle est très riche en éléments nutritifs (azote, silice, potassium, calcium, fer, magnésium…). En plus d’être une plante médicinale, ses fleurs mellifères attirent énormément les pollinisateurs et ses racines pivotantes profondes en font également un excellent accumulateur dynamique qui améliorera même la structure du sol.
Au jardin, le pouvoir fertilisant de la consoude, grâce à son haut taux de silice, améliore particulièrement les capacités cicatrisantes des végétaux. Ce qui les rend plus résistants aux intempéries, ravageurs et maladies. Comme son nom l’indique, la consoude « soude » et régénère les tissus blessés, et est donc bénéfique pour soigner vos plantes et/ou leur redonner de la vigueur si elles sont carencées. Bref, c’est une plante aux mille vertus!
Utilisation
- En purin : Faire macérer 1kg de consoude (feuilles, tiges, fleurs) dans 10L d’eau (de pluie idéalement) pendant une à deux semaines. Brasser régulièrement. Le purin est prêt lorsqu’il n’y a plus de mousse blanche à la surface. Diluer le mélange dans 10L d’eau et arroser aux pieds des plantes.
- En décoction : Faire tremper 100g de consoude dans 1L d’eau pendant 24 h. Bouillir ensuite pendant 20 minutes. Laisser refroidir, filtrer et diluer dans 5L d’eau. Arroser ensuite les plantes.

- Les feuilles peuvent aussi être simplement déchiquetées et déposées aux pieds des plantes comme paillis qui enrichira le sol en se décomposant. Ou alors, on peut mettre quelques feuilles directement dans les trous de plantation des légumes fruits, qui sont plus gourmands.
Nous utilisons personnellement la consoude que nous avons plantée sur notre terrain pour fertiliser notre potager au moins trois fois durant la saison, et jusqu’à maintenant, nos plantes en sont très reconnaissantes!
L’ortie

L’ortie est une espèce abondante qui pousse presque partout. Beaucoup la considère comme une mauvaise herbe, mais elle présente pourtant de nombreuses propriétés bénéfiques! Tout comme la consoude, cette plante comestible et médicinale a un grand pouvoir fertilisant et revitalisant pour le jardin. Étant particulièrement riche en azote, l’ortie est toute indiquée pour nourrir vos jeunes plants et stimuler leur croissance. Utilisée avec modération, une préparation à base d’ortie peut aussi prévenir la plupart des ravageurs et maladies. Elle peut même servir à nourrir les animaux de basse-cour.
Utilisation
- En purin : Faire macérer environ 1kg de feuilles d’ortie dans 10L d’eau (de pluie idéalement) pendant une à deux semaines. Brasser régulièrement. Le purin est prêt lorsqu’il n’y a plus de mousse blanche à la surface. Diluer le mélange dans 10L d’eau et arroser aux pieds des plantes.
- On peut aussi pulvériser le purin directement sur les feuilles comme engrais foliaire et/ou répulsif préventif. Dans ce cas, il faut diluer le mélange dans 20 litres d’eau. La dilution est très importante, puisque le purin d’ortie est très fort et peut, au contraire, être néfaste s’il est trop concentré.
**Attention toutefois! Même s’il est très efficace, il est conseillé d’utiliser le purin d’ortie modérément et seulement en début de saison. En effet, puisque l’ortie est très riche en azote, si cet élément se retrouve en trop grande quantité dans vos plantes lors de la période de fructification, cela favorisera surtout la croissance végétale, au détriment des fleurs et des fruits.
De plus, comme le purin a un effet rapide, une trop grande quantité d’azote créera un déséquilibre physiologique de vos plantes, ce qui les rendra plus sujettes aux ravageurs et maladies. Ironiquement, un effet contraire au résultat escompté…
- Les feuilles peuvent aussi être simplement déchiquetées et déposées aux pieds des plantes comme paillis qui enrichira le sol en se décomposant. Ou alors, on peut mettre quelques feuilles directement dans les trous de plantation des légumes fruits, qui sont plus gourmands, quelques semaines avant leur plantation.
Le pissenlit

Bien qu’encore considérée comme une des mauvaises herbes les plus communes, nous aurions tout avantage à mieux connaître cette petite plante miracle. D’abord, la fleur de pissenlit est comestible et possède de très NOMBREUSES vertus médicinales : renforce le système immunitaire, agit sur l’équilibre du système nerveux, réduit les risques de maladies cardiovasculaires, anti-inflammatoire, antibactérien, diurétique…
Au jardin, le pissenlit produit un excellent purin fertilisant riche en phosphore et en potassium. Il est bénéfique pour la croissance des plantes et lors de la fructification, sans être très agressif, comme le purin d’ortie. La plante toute entière (racine, fleur et feuille) peut être prélevée pour la préparation. On peut donc prélever la matière tout en désherbant le jardin!
Utilisation
- En purin : Nettoyer la matière s’il y a présence de terre. Faire macérer environ 1kg de la plante entière dans 10L d’eau (de pluie idéalement) pendant une à deux semaines. Brasser régulièrement. Le purin est prêt lorsqu’il n’y a plus de mousse blanche à la surface. Filtrer et diluer dans 5L d’eau. Arroser aux pieds des plantes.
Souvenez-vous toutefois que les engrais, même naturels, devraient être utilisés comme fertilisants d’appoint, complémentaires aux amendements. En effet, un sol de qualité, qui sera en mesure de fournir à vos végétaux tous les nutriments dont ils ont besoin, doit être régulièrement nourri et aggradé avec des amendements (compost, fumier, paillis, etc.), afin d’améliorer sa fertilité et sa structure dans un plus long terme. Tandis que les engrais ont un effet plus rapide, mais aussi plus court et sont donc surtout bénéfiques pour soigner des plantes carencées ou encore donner un boost à vos plantes lorsqu’elles en ont besoin. Pour en savoir plus, je vous invite à lire notre article « Nourrir son sol: Engrais ou amendement? ».
Les plantes insecticides, insectifuges et fongicides
Le Prêle

La prêle est une plante préhistorique connue pour ses nombreuses vertus médicinales. Extrêmement riche en silice, elle est utilisée par l’homme depuis des milliers d’années, notamment pour soigner et renforcir les os, aider à la cicatrisation des plaies et soulager les douleurs articulaires. Étant très envahissante, il est préférable de cueillir la prêle en nature plutôt que de la cultiver au jardin. Elle pousse pratiquement dans n’importe quel habitat, pourvu qu’il y ait un minimum d’humidité.
Au jardin, cette plante est surtout utilisée en purin ou en décoction comme fongicide préventif contre les maladies de l’oïdium, la rouille, le mildiou, fonte des semis, tavelure… Une pulvérisation à base de prêle peut aussi servir d’insecticide contre les pucerons et les acariens, en plus de renforcer les défenses naturelles de vos plantes.
Utilisation
- En purin : Faire macérer environ 1kg de feuilles de prêle dans 10L d’eau (de pluie idéalement) pendant une à deux semaines. Brasser régulièrement. Le purin est prêt lorsqu’il n’y a plus de mousse blanche à la surface.
Comme fongicide : Diluer le mélange dans 5L d’eau et arroser aux pieds des plantes régulièrement durant la saison.
Comme insecticide : Diluer le mélange dans 10L d’eau et pulvériser sur les plantes par temps sec, toutes les deux semaines.
- En décoction : Faire tremper 100g de prêle dans 1L d’eau pendant 24 h. Bouillir ensuite pendant 20 minutes. Laisser refroidir, filtrer et diluer dans 5L d’eau. Arroser ensuite les plantes. On peut également se servir de la décoction de prêle non diluée pour faire tremper les semences du potager et ainsi prévenir la fonte des semis. Se conserve environ deux semaines.
L’Ail

En plus d’être délicieux en cuisine et excellent pour la santé, l’ail est un légume du potager qui peut être d’une aide précieuse pour le jardinier écologique. Les gousses d’ail contiennent des substances insecticides et fongicides efficaces contre la plupart des ravageurs et maladies fongiques (oïdium, mildiou, rouille, etc.). Chaque année, il vous suffit de garder quelques plants d’ail en réserve et vous pourrez préparer presque gratuitement vos propres décoctions pour toute la saison.
Utilisation
On peut trouver plusieurs recettes différentes pour faire une préparation d’ail. En voici une simple et efficace :
- Hacher 3-4 gousses d’ail et faire macérer dans 20ml d’huile végétale pendant 24 h. Mélanger ensuite dans 1L d’eau et 10ml de savon naturel et biodégradable. Filtrer et diluer dans 4L d’eau.
Pulvériser sur les plants tous les 3-4 jours en préventif ou tous les jours pendant une semaine pour les végétaux déjà atteints. Se conserve seulement quelques jours.
Si vous avez des problèmes de nuisibles, nous vous conseillons fortement d’essayer une solution d’ail, puisque l’an passé, nous l’avons testé contre des pucerons qui avaient infesté certains de nos plants de poivrons. Cela a semblé efficace, car après deux semaines environ, il n’y avait plus du tout de ravageurs et nos plants avaient repris de la vigueur!
La Rhubarbe

Outre ses qualités culinaires, la rhubarbe peut également être d’une grande aide dans le contrôle des ravageurs. Sans être particulièrement envahissante, la rhubarbe est une vivace très simple à cultiver. Il est donc facile et avantageux d’implanter quelques plants dans un coin de son jardin et ainsi avoir accès à un insecticide et répulsif naturel chaque année. Utilisée surtout en purin, la solution de rhubarbe est efficace notamment contre les pucerons, la teigne du poireau et les limaces.
Utilisation
- En purin : Faire macérer environ 1kg de feuilles de rhubarbe dans 10L d’eau (de pluie idéalement) pendant une à deux semaines. Brasser régulièrement. Le purin est prêt lorsqu’il n’y a plus de mousse blanche à la surface. Pas besoin de diluer. Arroser aux pieds des plantes pour éloigner les limaces et directement sur les feuilles pour les autres ravageurs.
**Attention, souvenez-vous que le jus de rhubarbe peut être irritant s’il entre en contact avec la peau, soyez prudent!
La Tanaisie

Vivace pouvant devenir envahissante et se retrouvant un peu partout à l’état sauvage, la tanaisie offre une jolie floraison dégageant des odeurs répulsives pour beaucoup de ravageurs, en plus d’avoir des propriétés médicinales (effets antiseptiques, diurétiques, antispasmodiques, anti-inflammatoires). On peut donc l’associer à d’autres vivaces ou encore aux arbres fruitiers dans la forêt-nourricière. Ses fleurs servent à préparer un insectifuge biologique et également comme traitement préventif contre le mildiou et la rouille.
Utilisation
- En purin : Faire macérer environ 1kg de fleurs ou de plante entière dans 5L d’eau (de pluie idéalement) pendant une à deux semaines. Brasser régulièrement. Le purin est prêt lorsqu’il n’y a plus de mousse blanche à la surface. Filtrer et diluer dans 10L d’eau. Arroser aux pieds des plantes à protéger.
- En décoction : Faire tremper 300g de fleurs de tanaisie dans 2L d’eau pendant 24 h. Bouillir ensuite pendant 30 minutes. Laisser refroidir, filtrer et arroser ensuite les plantes sans diluer.
Finalement, que ce soit pour vos légumes, fines herbes, vivaces, fruitiers, arbres, arbustes et même parfois vos animaux, tous peuvent profiter des bienfaits que ces plantes possèdent. Bien sûr, les espèces que je vous ai conseillées dans cet article sont très efficaces, mais ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres, comme l’absinthe, la bardane, le trèfle, etc., qui possèdent de nombreux bienfaits semblables.
La prochaine fois que vous aurez une infestation de ravageurs dans votre jardin ou que certaines de vos plantes sembleront manquer de vigueur, plutôt que d’acheter des produits du commerce, rappelez-vous qu’il existe de nombreuses plantes qui peuvent vous aider. Faire pousser ou récolter vous-mêmes des plantes locales propices à fabriquer vos propres produits phytosanitaires ne sera que plus bénéfique pour votre jardin, la planète et votre portefeuille!
J’espère que cet article vous aura été utile et je vous invite à nous partager vos propres expériences avec les plantes que je vous ai présentées ci-haut. Ou encore, si vous connaissez d’autres espèces possédant des propriétés semblables, n’hésitez pas à nous les faire connaître!
Références
- Le jardin écologique, Yves Gagnon, 2008, pages 86, 87 et 222.
- Le Grand Livre du Jardinage: Pour le Québec, Miranda Smith, adaptation Larry Hodgson, 2010, page 374.
- Les idées du jardinier paresseux – Potager, Larry Hodgson, 2007, pages 96, 97.
- Open permaculture school, Ultimate permaculture manual ebook, Regenerative Leadership Institute, Inc., 2014, pages 173 à 177.
- https://www.un-jardin-bio.com/jardiner-permaculture/protections-naturelles-cultures/purins-macerations-decoctions-plantes/
- https://www.encyclo-ecolo.com/Pesticides_bio
- https://www.encyclo-ecolo.com/Pesticides_bio
- https://lejardindemagrandmere.com/pesticide-bio/
Bravo !
très intéressant et bien documenté
Louise